Marcel Pina | Panafricaniste
Le 20 janvier 1973, le monde perdait un géant du combat pour la liberté, un héros du panafricanisme, un visionnaire inébranlable. Amílcar Lopes da Costa Cabral, l’un des principaux architectes de l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert, tombait sous les balles des forces impérialistes, un martyr de la lutte contre le colonialisme. Pourtant, son héritage, son combat et sa pensée continuent d’inspirer aujourd’hui les peuples d’Afrique et du monde entier.
Un Héros Né du Peuple
Né le 12 septembre 1924 à Bafatá, en Guinée-Bissau, dans une famille aux origines guinéenne et capverdienne, Amílcar Cabral s’imprégna très tôt des réalités et des injustices de son époque. Son père, propriétaire terrien, appartenait à la classe des élites créoles, mais ce n’était pas la richesse familiale qui façonna son destin. Ce fut l’injustice coloniale portugaise, l’exploitation des peuples africains et la lutte pour la dignité humaine qui allumèrent en lui la flamme de la révolution.
Après avoir étudié au Cap-Vert, Cabral s’établit au Portugal, où il poursuivit des études d’agronomie. À Lisbonne, la rencontre avec d’autres étudiants africains, dont Agostinho Neto, fut déterminante. Ces échanges intellectuels et politiques marquèrent la naissance d’une volonté de combattre le joug colonial. Ensemble, ils fondèrent en 1956 le Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA), mais ce n’était que le début de l’engagement de Cabral sur la scène panafricaine.
La Construction d’un Mouvement de Libération
Fort de son éducation et de son expérience, Amílcar Cabral comprit que la lutte pour l’indépendance ne se résumait pas à une simple bataille militaire, mais qu’elle devait être un combat intellectuel et social. Il devint l’un des fondateurs du Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) en 1956. Son parti s’engagea dans un double combat : contre la domination coloniale portugaise et contre la pauvreté et l’analphabétisme qui frappaient ses compatriotes.
Cabral n’était pas seulement un théoricien, mais un homme d’action. Tout au long de son engagement, il prit soin de conjuguer la mobilisation politique et la lutte armée, tout en restant profondément attaché à l’idée d’une réconciliation avec les peuples colonisés, au-delà des frontières géographiques. Il comprenait que la lutte pour l’indépendance était aussi une bataille pour l’émancipation sociale, économique et culturelle.
La Pensée Cabralienne : Une Voie Vers l’Autodétermination
Loin des discours simplistes, Cabral développa une analyse rigoureuse de l’impérialisme, du colonialisme et de leurs effets dévastateurs sur les peuples d’Afrique. Sa célèbre phrase, “La liberté est la condition préalable à tout progrès social”, résume son engagement politique et son projet de société : une Afrique libre, unie et prospère. Il prônait une forme de nationalisme qui ne se contentait pas de l’indépendance politique, mais qui visait également à instaurer une véritable justice sociale et à promouvoir la dignité humaine.
Sa pensée allait bien au-delà de la lutte armée. Dans ses écrits, ses discours et ses réflexions, il encourageait ses compatriotes à développer une conscience nationale forte et à se doter d’institutions capables de répondre aux besoins fondamentaux de leurs populations. “Nous devons nous débarrasser de tout ce qui nous empêche de penser et de créer”, disait-il, soulignant ainsi la nécessité de réinventer l’Afrique à partir de ses propres racines et de ses propres forces.
Un Assassinat Qui Ne Fera Pas Taire Sa Voix
Le 20 janvier 1973, alors qu’il était au sommet de sa lutte, Amílcar Cabral fut assassiné à Conakry, en Guinée, par les agents des puissances coloniales. Son décès brutal, à l’âge de 48 ans, constitue une perte irréparable pour le monde de la révolution et de la liberté. Mais c’est également un acte symbolique : celui de la tentative des impérialistes d’étouffer une pensée et une volonté inébranlables. Loin de le faire taire, cet assassinat ne fit que renforcer l’engagement des générations futures à poursuivre le combat qu’il avait commencé.
Aujourd’hui, plus de cinq décennies après sa mort, la figure d’Amílcar Cabral reste un phare pour les militants panafricains et les défenseurs de la justice sociale. Ses écrits, ses discours et ses idées continuent d’inspirer ceux qui, à travers le monde, se battent pour un ordre mondial plus équitable. À travers la Guinée-Bissau, le Cap-Vert et toute l’Afrique, l’héritage de Cabral résonne encore dans chaque lutte pour la liberté, la justice et la dignité des peuples.
Rendons hommage à cet immense leader dont la vision de l’Afrique reste d’actualité dans nos combats d’aujourd’hui. Amílcar Cabral, dont la pensée et les actions marquent à jamais l’histoire, demeure un symbole de la résistance contre l’impérialisme et un appel à la solidarité entre les peuples africains et opprimés du monde entier.
More Stories
Amílcar Cabral: Un Héroe del Panafricanismo y de la Liberación Africana
La incesante persecución e injusticias contra el panafricanista Diallo Ablaye en Bilbao, España.
Homenaje a Cheikh Anta Diop: 29 de diciembre de 2024 | Un Legado Imperecedero